ÉTAT DES LIEUX :
Les huiles essentielles: un univers en expansion. Les recettes pour améliorer le bien être affluent dans les magazines laissant le consommateur inexpérimenté livré à lui même. Accessibles partout : boutiques bio, grande distribution, pharmacies, internet, les huiles essentielles (H.E) ne sont pas toujours vendues avec un conseil éclairé. Leurs usages et indications étant multiples, les emballages ne portent pas de recommandations d’emplois.
Les huiles essentielles sont utilisées dans de nombreux domaines: industrie alimentaire, cosmétiques, parfumerie, gastronomie, soins de bien être… ce qui rend leur législation très complexe. Elles sont disponibles sous de nombreuses marques et l’on peut s’y perdre !!! Alors comment les choisir ? Quels critères nous orientent vers une qualité et une sécurité d’emploi optimum ?
1.Premier critère de choix: une huile essentielle doit être 100 % NATURELLE.
- Les huiles Essentielles de synthèse n’ont pas le même parfum et elles sont moins efficaces.
Les H.E sont obtenues par distillation à la vapeur d’eau de certaines parties de plantes fraiches: les feuilles ( le Laurier noble par exemple), les fleurs (H.E de Néroli), ou les rhizomes (H.E de Gingembre ), l’écorce (H.E de La Cannelle). L’H.E obtenue a une composition très riche avec parfois plus de 250 molécules. Les composés aromatiques en plus fortes proportions sont responsables des propriétés des H.E.
- Seules les molécules issues d’une plante ont une configuration moléculaire (une chiralité) active. La qualité énergétique des l’H.E 100% naturelles provient également de la richesse en électrons qui gravitent autour de leurs nombreuses molécules. C’est un produit issue du vivant.
CONCLUSION : Une HE d’origine chimique (de synthèse) sera bon marché. Produite par un assemblage de molécules de synthèses, elle aura une composition moléculaire pauvre en comparaison d’une H.E 100% Naturelle. Le parfum ne sera pas le même et les propriétés seront moindres voir absentes. La mention 100% naturelle figure en général sur l’emballage quand c’est le cas.
2.Deuxième critère de choix : l’H.E doit être 100% PURE.
Une HE ne doit ni être contaminée par des métaux lourds, ni contenir des traces de radioactivité ou encore être diluée frauduleusement.
La composition en molécules actives de la plante varie en fonction de nombreux critères: la saison, l’ensoleillement, la récolte. La plante peut se charger de molécules indésirables comme des métaux lourds qui intoxiquent, à la longue, notre organisme. Cette contamination viendra par exemple des eaux de ruissellement et peut passer inaperçue aux yeux du cultivateur. Résultat, on peut avoir une super H.E bio ou pas, mais contenant plein de métaux lourds !!! Beurk.
D’autre part, une huile essentielle coute cher car il faut des kilos de plantes pour obtenir 1 litre d’H.E.( 150 kg pour 1 litre d’H.E de lavande vraie). Pour les plantes rares ou celles contenant peu de composés aromatiques, vous imaginez le prix du litre ? Cela peut être tentant pour un fabriquant peu scrupuleux de diluer l’H.E pour obtenir davantage de produit fini.
- Alors que faire pour s’assurer de la pureté de l’HE ?
Le consommateur est tributaire de l’étiquetage !!! Par contre le fabriquant peut s’assurer que l’H.E achetée au producteur est pure en pratiquant des analyses. Et l’acheteur peut demander des bulletins d’analyses de l’H.E à son fournisseur. Pour contrôler si elle est pure, il suffit de pratiquer une analyse appelée chromatographie. A partir d’un échantillon d’H.E à analyser, on obtient un tracé avec des pics qui correspondent aux molécules présentes dans l’échantillon. Ces pics sont connues et référencés selon leur caractéristiques et permettent d’identifier les molécules présentes dans l’échantillon.

chromatogramme
(Chromatogramme dans : http://chimiedelart.e-monsite.com/pages/partie-2-a-l-echelle-du-prelevement/iv-la-chromatographie-a-haute-performance.html)
Si l’analyse fait apparaitre des pics non identifiés c’est qu’il y a présence de substances qui contaminent l’H.E. Si les pics n’ont pas les proportions attendues, c’est que l’H.E a été diluée. L’analyse caractérise un lot d’H.E obtenu par distillation de parties de plantes. Ce lot sera référencé par un numéro de lot et le fabriquant sera en mesure de fournir à l’acheteur un bulletin d’analyse correspondant. OUI MAIS, cette analyse n’est pas obligatoire.
CONCLUSION : Une Huile essentielle doit être pure. Si une marque vendant des H.E n’est pas en mesure de fournir les bulletins d’analyses des lots d’H.E à l’acheteur ( boutiques bio, pharmacies, etc) on peut s’interroger sur la qualité du produit qui sera proposé à la vente. Le pharmacien sera idéalement plus exigeant par rapport à l’origine et la qualité des H.E proposées, vu son rôle de médiateur de santé publique. Il est en devoir de réclamer les bulletins d’analyse afin de garantir à son client la qualité du produit. Les autres responsables de ventes d’huiles essentielles devraient l’être aussi.
3. Troisième critère : L’H.E soit être INTÉGRALE .
La distillation complète prend un certain temps selon les plantes: 3h- 3h30. Petit à petit, les différentes molécules sont entrainées par la vapeur d’eau à différents moments du processus. Les molécules les plus lourdes viendront à la fin. Mais en général après 2h on a récolté 90 % du volume d’H.E. Si on abrège le temps de distillation, on ne récoltera pas l’intégralité des molécules présentes dans la plante. Hors c’est le totum, l’intégralité des molécules aromatiques qui confère toutes ses propriétés à l’H.E.
CONCLUSION : Que le distillateur coupe la distillation avant la fin semble une pratique courante. Aucune obligation ne l’empêche de le faire. Le consommateur n’a aucun moyen de savoir si la distillation à été poussée jusqu’à la fin ou pas !!! Certains emballages fournissent l’information « intégrale ». Dans l’idéal, il faudrait connaitre le distillateur et sa pratique…
BILAN en quelques recommandations :
- ÉCARTER LES H.E très économiques; il y a des chances qu’une H.E pas chère soit de mauvaise qualité (produit de synthèse, présence de polluants). Mais ce n’est pas parce qu’une H.E est chère qu’elle sera forcément de meilleure qualité, il peut y avoir des dilutions frauduleuses. ( Cf :rapport de la DGCCRF sur les huiles essentielles : http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/huiles-essentielles-0)
- Privilégier l’achat de marques qui ont fait leurs preuves scientifiques, c’est à dire étant capable de fournir au vendeur des bulletins d’analyses (Pranarôm, Valnet, La Drôme Provençale). Privilégier les lieux d’achat ou l’on trouve des conseils de personnes compétentes.
- Les huiles essentielles les plus dangereuses sont autorisées à la vente uniquement en pharmacie (Grande et petite Absinthe, Armoise, Thuya, Sauge, …) afin de diminuer le risque de mésusage. (Cf bibliographie en fin d’article)
- Toujours BIEN LIRE L’ÉTIQUETTE qui doit comporter des indications très précises quand à l’identification de la plante dont est extraite l’H.E.
*Le nom latin permet son identification botanique jusqu’ à l’espèce(sp), sous espèce(ssp), variété (var.).Ex : Eucalyptus globulus , Eucalyptus radié sp radiata, Lavande vraie, Lavande officinale, Lavande aspic, Cyprés toujours vert Cypressus sempervirens var. sticta, Basilic exotique Ocimum basilicum ssp basilicum. Selon la sous espèces ou la variété, certaines plantes n’ont pas du tout la même composition biochimique et les propriétés seront donc différentes !
*Le chémotype (CT) permet de différencier chimiquement des plantes de même type. Le chémotype indique quel principe actif est contenu dans l’huile essentielle de façon majoritaire, en association à d’autres molécules. Exemple: Thym CT géraniol , Thym CT Thujanol, Eucalyptus citonné CT citronnellal, Bois de Hô Cinnamomum camphora CT linalol. Les propriétés de l’H.E et donc ses indications seront différentes.
*La partie de la plante utilisée . ..
CONCLUSION : il n’est pas simple de s’y retrouver dans le domaine des H.E. Leurs emplois multi usage rend la législation délicate. Leur toxicité a permis d’écarter les plus toxiques en les réservant à une délivrance pharmaceutique. La qualité des huiles essentielles est difficile à appréhender pour le consommateur car il n’existe pas de contrôle systématique avant mise sur le marché.
Que est le risque réel ? le mésusage par ignorance, donc par défaut d’information lors de l’achat.L’inefficacité du produit acheté. Des intoxications lors d’usages intensifs et prolongés non justifiés. Des risques de sensibilisation liés à une mauvaise qualité du produit ou a une sensibilité individuelle. Par précaution il est nécessaire de pratiquer un test de sensibilité avant toute application cutanée : appliquer une à deux gouttes de la préparation d’H.E diluée sur la peau à l’intérieur du coude et observer s’il apparait ou pas une rougeur dans les heures qui suivent.
Les huiles essentielles, utilisées depuis la nuit des temps continuent à être de plus en plus étudiées pour leur propriétés dans de nombreux domaines, notamment infectieux. Ce sont des concentrés de principes actifs qui sont d’une efficacité redoutable pour qui sait les utiliser.
BIBLIOGRAPHIE :
*Enquête de 2014 de la Direction générale de la consommation et répression des fraudes (DGCCRF) sur les huiles essentielles : http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/huiles-essentielles-0
*Cadre juriqique des H.E: http://www.institut-hysope.com/ysop/wp-content/uploads/2011/07/Quel-cadre-juridique-pour-les-huiles-essentielles1.pdf : comprends les références des H.E les plus toxiques réservées au monopole pharmaceutique.
*Article sur la législation des H.E: http://www.institut-hysope.com/ysop/wp-content/uploads/2011/07/Quel-cadre-juridique-pour-les-huiles-essentielles1.pdf
*AGENCE FRANÇAISE DE SÉCURITÉ SANITAIRE DES PRODUITS DE SANTÉ (AFPSPS) Recommandations relatives aux critères de qualité des huiles essentielles: http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/657257784ff10b16654e1ac94b60e3fb.pdf
*Ouvrages de Mr Dominique Baudoux: « Guide pratique aromathérapie familiale et scientifique « .